96 pages
Éditions Henry
Format : 10,5 cm X 14,8 cm
ISBN / EAN : 978-2-36469-087-5
Octobre 2014 - Prix : 8 €
 
 
 

Quatrième de couverture : " « Une poésie qui ne sent pas l'homme me laisse froid, absolument. », déclarait Jean Rousselot au cours d'un entretien. Comme ce « mémo » lui aurait plu ! François Huglo"

Petit livre au format carte postale, Le mémo d'Amiens (Ed. Henry) de Jean-Louis Rambour est une galerie de portraits savoureuse. Le poète et romancier du Santerre y compose un "Poème-photo" de quatre-vingt-dix textes courts (quatorze lignes chacun), en prose et sans ponctuation, à la gloire de personnes "comme tout le monde". 

Francesco, Helga, Bachir, Boris, Jennifer, Brahim, Régis Privileggio, Fernande, Nimrod, Madame Houbron, Jérémie et les autres... sont les héros ordinaires de ces quartiers d'Amiens qui traversent les guerres, s'en relèvent comme ils peuvent et se métamorphosent. 

"La rue René Coty est percée à partir des marches / De la laiterie les bulldozers abattent les étables / Les arbres Un cheval prend peur s'enfuit loin / Galopant vers la mer On épargne le pigeonnier / Allez savoir pourquoi les pigeons épargnés / Et sur la poudre des briques des moellons / Se dresse Berlioz ses cent soixante lieux de vie".

Chaque page - ou presque - est dédiée à un personnage que l'on retrouve parfois plus loin, croisant la vie d'un autre ou sa généalogie. Chacune commence par le même "Ici", point d'ancrage des uns et des autres dans une rue, un logement, un commerce... souvent au pied du "château d'eau torsadé / La tour blanche de la blancheur d'Alger la Blanche" qui se dresse dans le quartier comme un phare de marins.

"Ici on est à Berlioz le bâtiment B entrée 4 / On est à l'escalier de Marc Vanderstichelen / Marc travaille à Procter et Gamble dans la ZI-Nord / Il ne s'habitue pas à dire Pi and Dji et chante / Cependant de belles mélodies des Beatles Il vit à / Berlioz près du château d'eau au long fût tordu / Tel une poignée de spaghettis tenus en flambeau / La plus belle tour d'Amiens répète-t-il".

Pas de cliché mais tant d'images dans ce "poème-photo" ! Dans ses histoires bien arrimées au quotidien, le poète nous donne à voir, à respirer, à nous rappeler ces petits riens qui firent des vies entières, la plupart achevées. Mademoiselle Larquais "Elle sent la vendange la récolte des noix / Elle invite les enfants du quartier avec un sirop / De fraise comme le miel attire les insectes."

Lecture : Le mémo d'Amiens de Jean-Louis RambourLecture : Le mémo d'Amiens de Jean-Louis Rambour

Pour ne pas oublier, Le mémo d'Amiens rend un hommage sans emphase - et d'autant plus authentique - à une population bigarrée dont il évoque

les goûts : "Ici Janny tapisse son F2 de papier peint jaune / Les photos de Di Caprio n'en ressortent que mieux / Où on le voit Roméo baisant Juliette et / Rimbaud Verlaine Janny aime le jaune"

les habitudes : "Ici Ginette la fille de qui on ne sait plus bien  / Ouvre ses volets tourne la mollette du calendrier / Perpétuel Le cylindre des mois pourtant se coince / Souvent de sorte qu'en août tombe la neige"

les combats : "Chantal facilement s'indigne pétitionne / Quand meurt Marie Trintignant elle pleure / A-u-x répète-t-elle quand on lui demande son nom / Au téléphone dans la lutte anti-burqa / Elle crée l'association Femmes en mouvement / Sans cesse proteste contre viols violences"

les passions : "Ici Bekhedda Houari porte le maillot de l'ASC / Dans les moments de foi grande communion / Il utilise aussi l'écharpe aux armes du club"

les interrogations : "Ici Pierre le Belge comme un nom de gangster / Le plus gentil des hommes toujours lisant / Son crayon à mine posé sur une oreille Il y a / Dans ses yeux des questions sur la longueur / De la vie la longueur de la mort le lieu où / Souffle le vent chaud du paradis car il y croit"

les espoirs : "Les bombes de la guerre cessent d'éclater / On croit vivre une nouvelle ère L'avenir / Est dessiné avec des moutons des oiseaux"

les bons souvenirs : "Ici Jean nettoie maniaquement la vitrine / De sa maison de presse Librairie dit-il / En souvenir sans doute de Camus qu'il croise / En 1958 à Sidi Madani"

ou les mauvais : "Ici Julia parle de la grande souffrance d'Amiens"...

À l'heure de la toute globalisation, tandis que nous sommes entrés depuis longtemps "dans l'ère du self et du look", le regard bienveillant de Jean-Louis Rambour et ses mots posés très près des gens fait simplement du bien. 

 

Retrouvez Jean-Louis Rambour au Salon du livre de Paris
samedi 21 mars 2015 de 10h à 13h sur le stand D 74
Tag(s) : #Lectures

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