"Défendre le livre en Picardie" : intervention devant le Club des Communicants

Jeudi 18 octobre 2012, je suis intervenue devant le club des communicants d'Amiens à l'invitation de sa présidente Jocelyne Werbrouck, lors de l'un des petits déjeuners organisés afin de présenter aux membres du club des projets ou actions de Picardie.

J'avais proposé à Mauro Smerghetto, directeur du CR2L Picardie et Pascal Mériaux, directeur de l'association On a marché sur la Bulle et des Éditions de la Gouttière, de témoigner de leur travail sur le thème : "Défendre le livre en Picardie".
 

J'ai expliqué en préambule que contrairement aux deux autres intervenants, je n'étais pas une professionnelle de la filière du livre, mais davantage un relais d'information concernant les initiatives portées par les uns et les autres. Ma façon de défendre le livre, c'est de communiquer à son sujet.

J'ai ainsi montré quel dispositif j'avais mis en œuvre depuis un an que je travaille en indépendante, afin de donner de la visibilité aux acteurs de notre région : blog (articles sur la vie littéraire, chroniques de livres, comptes-rendus des débats ou rencontres que j'anime), diffusion d'informations sur les réseaux sociaux (page Facebook "La vie des livres en Picardie et ailleurs", Twitter, Viadeo, Linked, Le Samarien...).

 

J'ai commenté ensuite quelques données concernant la chaîne du livre en France et à l'échelon régional. Il était intéressant de rappeler que le livre est largement (52%) le bien culturel le plus vendu dans notre pays. Et sous format papier, puisque le numérique ne représente que 0,3% des ventes totales.

Le marché affiche une certaine vitalité en termes de chiffre d'affaires (4,3 milliards d'euros), soutenu par un nombre de nouveautés très important chaque année (646 pour la rentrée littéraire de cet automne). Une forme de "cavalerie" dénoncée par certains libraires, des passeurs de livres dans l'incapacité de lire et de défendre autant de titres.

 

J'ai rappelé qui étaient les différents acteurs de la chaîne du livre. 

• Auteur : écrivain, illustrateur ou traducteur
• Éditeur au sens strict : pas d'édition à compte d'auteur, ni d'auto édition
• Fabrication : impression, reliure
• Diffusion : activité commerciale, promotion des livres, gestion des commandes..
• Distribution : circulation physique des livres et des flux financiers (stockage, facturation)
• Point de vente : Librairies indépendantes, GSS (Grandes surfaces spécialisées), GSA (Grandes surfaces alimentaires), etc.

En France, 55 000 auteurs sont référencés. Ils sont 2 500 à vivre de cette activité à titre principal. Le nombre d'auteurs en Picardie s'élèverait à une centaine, le CR2L procède actuellement à leur recensement.

Le paysage éditorial français est riche et varié. L'édition représente 17 000 emplois et 8 000 structures (dont 4 000 en activité principale). Sur le plan économique, elle se caractérise par la présence de grands groupes qui concentrent la majorité des revenus. (Éditis et Hachette = 35 % du marché).

En Picardie, la réalité économique est autre. Les éditeurs ne s'engagent pas dans cette voie pour des raisons lucratives mais bien davantage par passion et par conviction. La spécificité de notre région ? Une présence forte de la poésie en matière éditoriale.

Le maillage important des librairies indépendantes sur le territoire est une "exception culturelle" française. Mais le secteur est en souffrance depuis plusieurs années. La concurrence des grandes surfaces, qui sont les lieux où l'on vend le plus de livres, et la vente sur Internet (13%) qui se développe surtout au profit du géant américain Amazon, mettent à mal la librairie. Son taux de rentabilité (0,3%) est l'un des plus faibles de France, tous commerces confondus.

Pourtant, depuis la loi Lang de 1981 instaurant le Prix unique du livre, le conseil du libraire ne coûte pas plus cher que l'anonymat de la grande surface... Quant à la concurrence d'Internet, elle pousse la profession à s'organiser afin de mettre les stocks en commun et de proposer des plateformes de vente en ligne attrayantes.

 

Autre secteur important : la lecture publique avec des bibliothèques qui interviennent aussi dans l'économie du livre en achetant des ouvrages (marchés publics). Là encore, le réseau français est dense : 7 350 bibliothèques. Elles ont une mission de conservation et développent aussi des actions culturelles pour valoriser le patrimoine. Leur fréquentation est stable voire en augmentation, notamment grâce aux nouveaux services qu'elles proposent. Un Français sur sept est inscrit en bibliothèque.

 

Pour terminer ce panorama sur le livre, j'ai souhaité attirer l'attention sur l'illettrisme dont la Picardie détient le record à l'échelle de la France métropolitaine. L'illettrisme concerne des personnes qui ont reçu un enseignement et mal acquis, ou oublié, les compétences enseignées (écriture, lecture, calcul). Il est aujourd'hui évalué lors de la JDC (Journée Défense et Citoyenneté) auprès de jeunes qui ont entre 16 et 25 ans.

Le taux d'illettrisme en Picardie tend cependant depuis quelques années à se rapprocher de la moyenne nationale. Grâce notamment aux différentes politiques mises en œuvre et au travail exceptionnel que fournissent les associations engagées sur cette thématique.

 

Après cette intervention, Mauro Smerghetto a pris la parole pour présenter le CR2L Picardie (Centre régional livre et lecture), association qui fédère tous les acteurs de la chaîne du livre en Région avec le soutien de la DRAC (Ministère de la Culture et de la Communication) et du Conseil régional de Picardie. Il se compose de 4 commissions thématiques :

• Économie du Livre
• Vie Littéraire
• Lecture Publique et Lutte contre l’Illettrisme
• Patrimoine écrit et graphique
 

Il s'agit à la fois d'un centre de ressources et d'une plateforme interprofessionnelle des métiers du livre et de la lecture. Il constitue un outil d'accompagnement dans le domaine de la lecture publique et de la lutte contre l'illettrisme. Il a pour mission de valoriser les auteurs en région, de mettre en œuvre un service d’accompagnement et d’assistance juridique, de mieux informer les différents acteurs. Il travaille aussi en lien avec les Maisons et Lieux d'écrivains en Picardie.
 

Pour terminer, Pascal Mériaux a évoqué les nombreuses activités d'On a marché sur la Bulle qui organise depuis 1996 les Rendez-vous de la bande dessinée d'Amiens. Un festival aux 85 auteurs qui attire 6 000 visiteurs, propose des expositions, des rencontres et débats, et au cours duquel la BD envahit toute la ville et le département.
 

Les expositions sont l'une des activités importantes de l'association. Lorsqu'elles s'adressent aux petits, elles sont interactives afin de leur permettre d'apprendre en s'amusant. Tout au long de l'année, l'association intervient auprès des scolaires (sensibilisation au média, stages d'écriture, initiation aux codes BD, organisation du Prix du meilleur premier album des lycéens picards, projets sur mesure...) et des adultes (formations des professionnels, ateliers en milieux spécialisés : psychiatrique ou carcéral...).

On a marché sur la Bulle est un centre de ressources qui soutient les auteurs de Picardie, développe des projets avec les collectivités (BD Bus), conseille les bibliothécaires, participe aux salons... Le département éditorial de l'association, les éditions de la Gouttière, a déjà 10 albums à son actif : des collectifs, des albums pour les primo-lecteurs, des outils pédagogiques... Le petit nouveau, Mon copain secret de Loïc Dauvillier et Alain Kokor, sera en librairie le 23 novembre.

 

Cliquez ICI pour lire la lettre d'information du Club consacrée à cette intervention

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Mail : clubcom@orange.fr
Site : leclubdescommunicants.blogspot.fr