Rencontre avec Myriam Boyer pour La Vie devant soi

 

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A l'origine il y avait un livre 

 

La vie devant soi - Romain Gary

 

Et quel livre ! Romain Gary, déjà célèbre, écrit La Vie devant soi sous le pseudonyme d'Emile Ajar. Il obtient le Goncourt en 1975. C'est la seconde fois après Les Racines du ciel en 1956, or le règlement l'interdit. Le Goncourt ne peut être décerné qu'une fois à un même auteur. Gary met alors au point la plus grande mystification littéraire du XXe siècle, en sollicitant son parent, Paul Pavlowitch, pour incarner le pseudo-auteur Émile Ajar. Et l'imposture fonctionne. Jusqu'à la mort de Gary en 1980.

La petite histoire de ce roman ne doit pas faire oublier ses qualités littéraires. Momo, recueilli et élevé par Madame Rosa, comme d'autres enfants de prostituées du quartier de Belleville, fait entendre sa voix tout au long du récit. Il nous raconte cette vie qui ne lui a fait aucun cadeau, sauf celui de sa rencontre avec Madame Rosa. Mère de substitution, rescapée d'Auschwitz et ancienne prostituée elle-même, elle est son seul repère. Ils n'ont rien en commun, et pourtant, un amour filial s'est installé entre eux. Mais Madame Rosa - vieillie et malade - fait peu à peu naufrage. 

Le style de Gary est génial. Le ton est cru, sans concession. La syntaxe n'est pas toujours correcte. Le texte est dense et foisonnant. Il est à l'image parfaite du discours de Momo qui laisse aller sans tabou ses émotions et ses peurs. Momo, confronté trop tôt à l'âpreté de la vie, s'interroge, s'inquiète, émet des jugements, se trompe parfois... Et nous touche, immanquablement. La portée de ce texte est intemporelle et universelle. Un hymne à l'amour et à la tolérance.

"Je n'étais pas encore sûr si j'allais être dans la police ou dans les terroristes, je verrai ça plus tard quand j'y serai. En tous cas, il faut une bande organisée, parce que seul, c'est pas possible, c'est du trop petit. Et puis j'aime pas tellement tuer, plutôt au contraire. Non, ce que j'aimerais, c'est d'être un mec comme Victor Hugo. Monsieur Hamil dit qu'on peut tout faire avec les mots mais sans tuer des gens et que j'aurai le temps, je vais voir. Monsieur Hamil dit que c'est ce qu'il y a de plus fort". (La vie devant soi)

Myriam Boyer nous accorde un entretien lors de sa venue à la Comédie de Picardie, dirigée par Nicolas Auvray. Elle incarne Madame Rosa, dans La vie devant soi, pièce mise en scène par Didier Long sur une adaptation de Xavier Jaillard. Un triomphe dans toute la France, et trois Molières aux cérémonies 2008. Après un succès sur grand écran avec Simone Signoret, le roman de Gary poursuit sa route sur les planches, et continue d'écrire sa drôle d'histoire...

 

 

La vie devant soi affiche 2

 

 

La vie devant soi nous offre un grand moment de théâtre. L'adaptation de Jaillard est brillante : il ne trahit jamais la voix de Momo et parvient à restituer l'essence du texte de Gary. Aymen Saïdi fait revivre la part d'enfance qui est en lui pour nous proposer un Momo crédible, souvent drôle et très émouvant.

 

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Myriam Boyer incarne une Madame Rosa usée jusqu'à la corde par les épreuves d'une vie difficile. Sa raison vacille. Elle est peu à peu ramenée à sa jeunesse et à ses racines, sans pour autant que ses peurs l'abandonnent. Magnifique.

Myriam Boyer 1

 

Lors de notre rencontre, elle évoque ce grand rôle, et sa carrière de comédienne. La vie des artistes nourrit leurs oeuvres... Dans son personnage de Madame Rosa, Myriam a mis des émotions qui lui étaient propres, des souvenirs de son passé. Elle évoque ainsi sa rencontre avec Romain Gary. 

 

R. Gary & J. Seberg © SygmaCorbis

© SigmaCorbis

 

Celui-ci fut l'époux de Jean Seberg. Jean a ensuite été mariée avec Dennis Berry, fils de John Berry (le réalisateur américain dont Myriam Boyer fut la femme jusqu'à sa mort en 1999). C'est ainsi qu'elle a rencontré Jean Seberg, sublime comédienne immortalisée par Godard dans A bout de souffle (1959). Myriam Boyer évoque le terrible mal-être de Jean Seberg, qui après plusieurs tentatives de suicide, est retrouvé morte par overdose dans sa voiture en 1979. Un an avant le suicide de Romain Gary qui précisera alors : "rien à voir avec Jean".
 

 

A bout de souffle affiche

 

Myriam Boyer est une comédienne exceptionnelle, exigeante et généreuse. Elle vit son métier avec une reconnaissance et une passion immense, qu'elle a visiblement transmise à son fils, un certain... Clovis Cornillac.
 

La vie devant soi 8

 

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Le bookcrossing

 

Bookcrossing

Reportage réalisé par Thibaut Lavende à la minute 18 de l'émission

Les 3 "règles" du BookCrossing...

  1. Lisez un bon livre (vous connaissez la marche à suivre)
  2. Rendez-vous sur sur www.bookcrossing.com et enregistrez le livre (avec vos commentaires). Vous obtenez un code BCID unique (BookCrossing ID), collez une étiquette avec ce numéro sur le livre
  3. Relâchez le livre afin que quelqu’un le lise (donnez-le à un ami, laissez-le sur un banc public, dans un parc, faites-en don à une œuvre de bienfaisance, « oubliez-le » dans un café…), et soyez prévenus par e-mail chaque fois que quelqu’un vient ici enregistrer un commentaire sur ce livre ! Et si vous faites une Release Note (note de libération), d’autres pourront partir à sa recherche et tenter de le trouver.
 

Avis aux amateurs de livres et de chasse au trésor !

 

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