Affiche Salon UPJV (2)

 

Mercredi 26 octobre 2011, l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens accueillait son premier Salon du Livre au Campus, une manifestation organisée par des étudiants et ouverte à tous, réunissant auteurs, éditeurs, libraires et professionnels du livre autour de la question de l’avenir du livre papier. 

 

Programme Salon UPJV

Parmi les animations proposées, une table ronde : "Quel avenir pour le livre papier ?" avec (de gauche à droite) :
  • Hieronymus Donnovan, auteur de Real TV, best-seller numérique des éditions Storylab (hieronymusdonnovan.com)
  • Philippe Leleux, libraire et éditeur dans le quartier Saint-Leu (Librairie du Labyrinthe)
  • Alain Fuzellier, responsable de Encrage Edition, maison spécialisée dans la littérature populaire (www.encrage.fr)
  • Vincent Haegele, Conservateur à la Bibliothèque Universitaire du campus de l'Université de Picardie Jules Verne
  • Marie Peyragosse, modératrice (étudiante en Lettres)

 

Salon UPJV (8)

 

Le ton est immédiatement donné par Philippe Leleux qui explique que  le livre papier connaît une crise conjoncturelle sans précédent avec le développement du livre numérique. Après les deux grandes révolutions que le livre a connues (13e siècle : l'usage du papier remplace celui du parchemin, et 15e siècle : Gutenberg invente l'imprimerie), l'avènement du numérique lui semble "une contre révolution".

Alain Fuzellier qui a commencé son métier d'éditeur dans des conditions "artisanales" et bien différentes des conditions actuelles, juge pour sa part inéluctable l'évolution des technologies. Il croit à la nécessité de proposer aux lecteurs des livres numériques et rappelle qu'il fut le premier à se lancer dans l'édition électronique en Picardie. Le livre papier et le livre numérique peuvent coexister.

Vincent Haegele explique que l'on fait encore entrer en bibliothèques universitaires 8000 titres par an en format papier (sans compter les dons). On est loin du tout numérique, même si l'offre progresse. Les étudiants ont désormais accès à des ressources électroniques depuis leur domicile. Cette évolution règle la question de la réservation ou de l'emprunt des documents papiers.

Mais il souligne aussi - conjointement à la numérisation des livres - la nécessité d'en conserver des exemplaires écrits et "matériels". Aujourd'hui, la plupart des données informatiques des années 80 sont illisibles, qui sait dans quelles conditions les éléments numérisés en 2011 pourront être accessibles dans le futur ?

Philippe Leleux concède que le livre numérique répond à trois besoins du consommateur : confort (on accède au livre sans mettre le nez dehors), masse (une bibliothèque entière peut tenir dans la poche), et vitesse (quelques clics suffisent pour avoir son livre). Mais il considère que "l'on n'a pas intérêt humainement à toujours aller plus vite". Il est favorable à l'élitisme pour tous, à la gratuité des livres dans les bibliothèques et non à l'achat en ligne, qui prive en outre le lecteur du contact humain avec un libraire ou un bibliothécaire. Le numérique menace toute la chaîne du livre d'après lui, en particulier les métiers d'éditeur et d'imprimeur.

 

Salon UPJV (9)

 

Vincent Haegele remarque à ce sujet que le livre électronique permet des marges beaucoup plus substantielles que le livre papier (grâce à la réduction des coûts : impression, transports, etc) mais que les droits d'auteurs n'augmentent pas pour autant avec ce nouveau format. Il pose la question : à qui profite l'accroissement des marges ?

Alain Fuzellier considère qu'il ne faut pas tout mélanger et que l'on vit aujourd'hui une crise de la lecture au sein de nos sociétés, bien davantage qu'une "crise des supports". Le grave danger est selon lui dans la façon dont est aujourd'hui organisée la librairie, plus que dans le développement du numérique.

Pour Hieronymus Donnovan, le plus important reste de toucher le lecteur avec une histoire, quel que soit le support de diffusion de cette histoire. Il faut que chacun ait accès au livre, en particulier les enfants qui permettent aussi souvent de ramener les parents à la lecture. Selon lui, le livre numérique dispose de nombreux atouts, il n'est pas un ennemi mais un complément au livre papier. Il touche un lectorat nouveau et a permis l'émergence de nouveaux éditeurs.

Philippe Leleux n'est pas convaincu par ces arguments. Le développement du numérique s'accompagne selon lui d'une volonté réelle de destruction du livre papier. Une volonté qui prend clairement pour cible les jeunes générations. Il en appelle donc aux lecteurs et aux consommateurs d'aujourd'hui et de demain ; ils doivent se positionner. Cette question relève d'un choix de société : pour ou contre la survie du livre papier ?

 

Salon UPJV (10)

 

Salon UPJV (5)

 




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Tag(s) : #Coups de coeur et curiosités

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