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Mercredi 24 octobre 2012, la deuxième édition du Salon du Livre au Campus organisé par un groupe d'étudiants de l’Université de Picardie Jules Verne s'est déroulée à Amiens sur le thème des "Littératures et énigmes". En plus de la présence de 25 exposants (auteurs, libraires, associations...), le salon proposait des animations jeunesse, quizz, Cluedo géant, exposition ou ateliers gratuits aux visiteurs.



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Le coup d'envoi de ces animations a été donné par une conférence d'Isabelle-Rachel Casta, professeur de littérature à l'université d'Artois et spécialiste des œuvres noires qui vient de publier Pleins feux sur le polar (Éd Klincksieck). Sous le titre évocateur "Un noir dessein - la littérature cirminelle", elle a présenté pendant près de deux heures une "promenade" au cœur de ce genre à succès "qui est devenu peu à peu le presque tout du lire d'aujourd'hui".
 

Pleins feux sur le polar

Le polar, souvent perçu comme une sous-littérature est pourtant "la métaphore et le miroir de notre société" selon Isabelle-Rachel Casta. "Polar, le mot est lâché et les chiens aussi [...] Comme s'il existait, question littérature en prose, une autre distinction qu'entre la bonne et la mauvaise." (Kathleen Elvin, Page des Libraires).
 

edgar allan Poe

Edgar Allan Poe

C'est la nouvelle d'Edgar Allan Poe, Double Assassinat dans la rue Morgue (1841) qui marque l'apparition du genre, avec l'invention du Chevalier Dupin, détective chargé d'élucider une histoire de meurtre énigmatique. Mais c''est le Français Émile Gaboriau qui pose véritablement les bases de la littérature policière avec L'Affaire Lerouge (1866). Son succès est immense et son héros, l'enquêteur Lecoq, va inspirer Sir Arthur Conan Doyle pour la création de Sherlock Holmes en 1887.
 

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Anna Katherine Green signe le premier polar américain en 1878 : The Leavenworth Case (Le crime de la cinquième avenue). Pierre-Alexis Ponson du Terrail invente en France le personnage de Rocambole qui ouvre la voie à ceux de Fantômas (1911) et Chéri-Bibi (1913). Gaston Leroux dans Le Mystère de la chambre jaune publié en 1907, introduit la notion de fantastique (au moins dans l'énoncé) au cœur du roman policier.
 

Conan Doyle

Sir Arthur Conan Doyle

L'engouement pour le genre est exceptionnel. La récurrence des héros participe de ce phénomène d'addiction et fidélise le lecteur. Lorsque Conan Doyle décide de faire disparaître son Sherlock Holmes en 1891 suite à son affrontement avec le professeur Moriarty dans Le dernier problème, l'émotion est intense. La propre mère de l'auteur refuse de lui parler jusqu'à ce qu'il se décide à faire revivre le célèbre private detective... Les éditeurs courent alors le monde pour trouver un successeur à Holmes. Mais celui-ci réapparaît dans La Maison vide en 1903, Conan Doyle ayant cédé à la pression générale.
 

Agatha Christie

Agatha Christie
 

Pour Isabelle-Rachel Casta, Agatha Christie qui publie son premier roman en 1920, constitue un corpus ("le corpus Christie" !) à elle toute seule. Avec les enquêtes d'Hercule Poirot et Miss Marple, elle se révèle une spécialiste du whodunit (de l'anglais Who done it ?) aux références shakespeariennes. Elle appartient à la grande tradition du roman policier féminin, comme Patricia Cornwell, Mary Higgins Clark, ou Fred Vargas en France.
 

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Après la Seconde Guerre Mondiale, c'est le suspense qui prédomine avec des livres comme ceux de Margaret Miller ou les films d'Alfred Hitchcock.  Peu à peu le roman policier devient noir. Le detective armchair a disparu. Les enquêteurs sont désormais des flics désabusés qui évoluent dans des environnements malsains. Le langage est familier voire ordurier et souvent, l'alcool coule à flot. "C'est la réalité du polar d'aujourd'hui, souligne la conférencière. Les flics ne sont pas toujours loin des truands." 

Les ramifications existent évidemment vers d'autres styles : romans d'espionnage, polars historiques, thillers... En matière de réalisme criminel, la surenchère est de mise. "On est passé de l'euphémisme à l'hyperbole" résume Isabelle Casta. Avec le choquant Tokyo (2004), de la romancière britannique Mo Hayder, on atteint des sommets de violence.

"Le chaos, la déréliction des communautés et des sujets, la consommation et la schizophrénie, l'empire de la déréalisation médiatique [...] conduisent alors à réenvisager le visage actuel du récit policier." (Denis Mellier Le roman populaire en question(s) - Éd. Presses universitaires de Limoges).
 

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Cliquez ICI pour lire l'article sur la conférence de Daniel Compère consacrée au roman populaire




 
Salon du Livre au campus
Chemin du Thil 80025 AMIENS Cedex 1

Justine BRETON - Organisatrice
Virginie MAILLART - Responsable de l'animation jeunesse
Tag(s) : #Coups de coeur et curiosités

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